BIO
Vivant et travaillant à Tiohtià:ke/Montréal, Karen Tam est une artiste dont les recherches portent sur différentes formes de construction et de représentation de l’identité culturelle à travers installations, sculptures, œuvres textiles et dessins. Depuis 2000, elle a exposé son travail et participé à des résidences artistiques en Amérique du Nord et en Europe, notamment au Victoria and Alberta Museum (Royaume-Uni), au He Xiangning Art Museum (Chine), au Musée des beaux-arts de Montréal (Canada), à la résidence Deutsche Börse Residency au Frankfurter Kunstverein (Allemagne). Elle a reçu des subventions et des bourses du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Tam est récipendaire du Prix Giverny Capital 2021, et a été finaliste du Prix Louis Comtois en 2017, finaliste du Prix en art actuel du Musée national des beaux-arts de Québec en 2016, et elle a été sélectionnée sur la liste longue du prestigieux Prix Sobey pour les arts en 2010 et en 2016.
Tam a obtenu un diplôme de maîtrise en sculpture à la School of the Art Institute of Chicago ainsi qu’un doctorat au Centre for Cultural Studies de la Goldsmiths, University of London. En plus de faire partie de collections privées au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni,les œuvres de l’artiste sont présentes dans de nombreuses collections de musées et d’entreprises, telles que le Irish Museum of Modern Art, le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée d’art contemporain de Montréal, la Collection Hydro-Québec, la Collection de la Banque Royale du Canada et la Microsoft Art Collection. Elle est représentée par la Galerie Hugues Charbonneau à Montréal.
CV// Téléchargez CV (mise à date le 14 février, 2023) //
DÉMARCHE
À travers mes sculptures et mes installations où je recrée des espaces comme les restaurants chinois, les salons d’opium, les boutiques de curiosités du quartier chinois, les ateliers des premiers artistes canadiens d’origine chinoise ainsi que d’autres sites de rencontres culturelles, je regarde comment l’expérience du corps dans l’espace permet de comprendre leur histoire et leur communauté. Dans le cas d'oeuvres comme Terra dos Chinês Curio Shop (2015) et Gold Mountain Restaurant (2004-18), j'ai déconstruit et reconstruit différents “espaces ethniques” pour voir quels éléments signifiaient quelque chose pour le public et contribuent donc à influencer les perceptions occidentales des Chinois ou de l'Autre. Je me sers d'un cadre d'étude culturelle pour susciter une perception critique des chinoisieries contemporaines. La fascination de l'Orient remonte à l'époque de la route de la soie et même au plus fort des chinoiseries, alors que le marché occidental était inondé de produits chinois, les Chinois à l'étranger étaient ciblés par des lois racistes et considérés comme des étrangers qui ne s'assimilaient pas. Je remets en question et confronte les notions d'authenticité et de copies en produisant mes propres fausses antiquités. Je m'inspire pour cela des objets orientaux et des chinosieries qu'on trouve dans divers musées, des collections locales et sur eBay, en utilisant des matériaux et des méthodes ordinaires (les ornements qui semblent en jade véritable sont sculptés dans du savon, la porcelaine est en papier mâché et les objets argentés sont fabriqués à partir de plateaux en aluminium). Cela met en évidence les rencontres entre certains locaux et la culture matérielle influencée par l'Éxtrême-Orient, et fait référence non seulement à la production de masse des produits de consommation contrefaits en China, mais aussi aux questions qui sont toujours présentes dès lors que la production artistique est en cause.
Un engagement profond dans la recherche d’archives et de collections m’a amenée à m’interroger sur les histoires qui sont collectées et racontées ainsi qu’à interroger les récits qui ont été construits autour de la diaspora chinoise. Je soulève les questions suivantes: « Comment pouvons-nous nous souvenir, représenter, soutenir et, simultanément, nier l’effacement de nos histoires, de nos espaces et de notre communauté? S’il existe des traces minimes de l’existence d’un individu ou d’une organisation, quels sont les moyens de les rendre à nouveau visibles? » À travers mes œuvres, en mettant activement en lumière les aspects négligés de la culture et des communautés sino-canadiennes, mon intention est de créer des contrepoids aux canons acceptés, aux histoires officielles, aux archives et aux collections publiques.
(Juin 2021)
L'artiste remercie le Conseil des arts du Canada de son soutien.